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Aichapapillon
27 juin 2008

La philosophie du ménage

senseidoigt

Un jeune moine, qui venait d’arriver dans le monastère chinois chan de l’école Lin-tsi, s’adressa au grand maître Tchao-tchou :

-         Je suis nouveau dans ce monastère. Pourriez-vous me donner un enseignement ?

-         As-tu mangé ta soupe de riz ? demanda Tchao-tchou.

-         Oui, je l’ai mangée, répondit le moine.

-         Alors, va laver ton bol !

Kôan zen

Il y a quelques années, j’étais persuadée qu’une maison bordélique allait de pair avec une âme d’artiste ( ce que dans l’orgueil impétueux de mes jeunes années, j’étais persuadée d’être…mais ceci est une autre histoire…).

Je vivais donc au jour le jour, balançant négligemment les objets dans mon sillage de poète désabusée, ne perdant JAMAIS mon précieux temps à ces tâches avilissantes que sont les tâches ménagères et me jurant que jamais au grand jamais je ne m’abaisserai à devenir comme maman : une bobonne fée du logis.

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Ce que j’ignorais dans mon immaturité c’était le potentiel de sagesse contenu par chaque grain de poussière recouvrant les rayons de ma bibliothèque.

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La poussière semble avoir disparu après une longue période de ménage. Mais ce n’est là qu’une illusion. Elle a simplement changé de place. Une partie a été jetée à la poubelle ou s’est envolée lorsque vous avez secoué votre chiffon par la fenêtre, mais elle n’en reviendra que plus vite, collée à la semelle de vos souliers ou au moindre souffle d’air. Elle trouvera toujours le chemin qui la ramène inexorablement chez vous, provisoirement tapie avant que vous ne la retrouviez. Elle sait parfaitement qu’elle est indispensable. Cette aventure ne manque d’ailleurs pas d’une certaine beauté. Nous époussetons, et la poussière trouve le moyen de revenir. Nous époussetons encore. La poussière reprend ses droits. C’est un  va-et-vient qui semble sans fin, une respiration, le mouvement récurrent des pensées et des sensations qui nous accompagnent tout au long de notre vie. La poussière, finalement, représente vraiment quelque chose dans notre univers. Aussi fragile et transitoire qu’elle paraisse, elle nous offre une leçon forte et durable sur la façon dont va le monde.

Le zen des petits riens- Gary Thorp aux éditions Marabout

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Ba-gua

Sans aller jusqu’à pratiquer le Feng Shui, comme le font certaines personnes de mon entourage qui  ont résumé cet art millénaire chinois au coin amour, santé, argent etc…et qui croient fermement qu’en mettant au coin nord-ouest de leur maison un bouddha flambant doré (et kitschissime…) ils vont tantôt empocher le million, nous pouvons avant toute chose faire appel au bon sens.

Je me souviens comme si c’était hier de l’adage de ma grand-mère (une autre fée du logis…mais à une certaine époque les fées du logis était légion faute de pouvoir briller dans d’autres domaines plus masculins): « chaque chose à sa place et chaque place a sa chose ! »

Donc se poser la question : est-ce que dans ma vie, dans ma maison chaque chose est-elle à sa place ?

Si la réponse est non :

Trier, trier et trier.

Jeter, donner, faire circuler ce bon vieux ch’i…

Cascade

Le ch’i est à la fois présent, passé et avenir.

Il est dans un seul endroit et partout à la fois.

Il est en vous comme il est ailleurs.

Il est vous et il est autre.

Prenez le temps d’écouter votre respiration,

Et vous entendrez le souffle de l’Univers

Bien-être zen au quotidien- Ecoutez votre jardin intérieur par Erik Pigani- Presses du Châtelet

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Avez-vous déjà senti l’énergie d’un lieu propre, parfaitement rangé, où chaque objet a sa place dans la maison et dans le cœur de  ses habitants ?

Même une maison modeste, la plus modeste qui soit, est tellement douce à vivre et confortable quand elle est tous les jours balayée, époussetée, rangée un minimum. Elle est comme tenue en vie. L’air y circule, elle respire. Le bonheur accepte alors parfois d’y faire escale…dans certaines traditions, il est dit que les anges n’entrent que dans les maisons propres.

Si la maison est à l’image de ses habitants, imaginez donc l’ habitant d’une maison dont les placards seraient plein d’objets entassés, oubliés, des vêtements aux tailles inadaptées, ou jamais servis, de la poussière inerte sur les meubles, ou dessous, des fenêtres jamais lavées…

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Commentaires
S
J'aime dans une maison quand elle est porteuse de vie. <br /> <br /> Chaque chose est un petit rien qu'on ne remarque pas. Et un jour, toutes ces choses qu'on ne remarque pas on les remarque d'un seul coup, toutes ensemble. Comme si le rideau s'était levé, le décors révelé. Le tout a révélé son sens caché.
A
C'est toujours un plaisir de passer chez toi Eva et de découvrir ce pays à travers ton regard.<br /> Oui le feng shui ça marche...Mais il faut le pratiquer avec du bon sens et l'adapter à sa propre culture.<br /> Par exemple, inutile de mettre des bouddhas partout si on n'aime pas ça...Il faut rester subtil.<br /> au fait en passant, un petit truc pour les célibataires:<br /> il parait qu'en Chine les jeunes filles qui cherchent à se marier accrochent sur leurs murs des peintures représentant des pivoines...;)
G
Merci de ton passage sur mon blog et le gentil commentaire sur Riga. Je voudrais ajouter que moi aussi, je pratique le Feng Shui depuis quelques années avec des résultats étonnants. Quand on arrange son entourage, la vie s'arrange ...<br /> Bon dimanche, à bientôt - Eva
A
Eva- Ah les kôan zen! je suis justement en train de lire Jodorowski "Mu, le maître et les magiciennes". Il y a un passage où un moine zen japonais, "dressé" à l'ancienne dans un véritable monastère zen, est mis au défi par un américain très (trop) sur de lui. Le kôan en question est le fameux "si j'applaudis d'une seule main...".Je vais poster l'extrait peut-être car il m'a bien fait rire...<br /> <br /> Oursonne- Oui! exactement, le ménage un impact sur notre humeur. A force de vivre dans un lieu, on finit par l'habiter au-delà des limites de notre corps. Les murs font un peu partie de nous.<br /> J'avais lu il y a longtemps dans un livre sur le feng-shui justement que lorsqu'on avait le cafard, il fallait courir astiquer les toilettes! (et ce n'est pas une blague hein!)<br /> <br /> Cassa Cola- je suis heureuse que ce billet t'ai aidée à voir plus clair et je t'embrasse Cassa en te souhaitant bon courage pour ton nettoyage d...'été! ;)<br /> <br /> Servanne- j'ai bien ri en lisant ton commentaire ma Servanne...Mais il est vrai que faire le ménage est bon pour l'esprit mais il ne faut pas en devenir esclave. Ce n'est pas une course à la perfection mais plutôt une façon d'accompagner le rythme de la vie simplement en apprenant à aimer ces petits riens de chaque jour...et je sais que tu n'es pas en reste dans ce domaine. :)<br /> <br /> Je vous embrasse toutes et vous souhaite un week-end chaleureux...:o
S
Fantasitique ce billet Aicha ! et la réponse d' Oursonne savoureuse ...<br /> <br /> Bon, ce qui est drôle là dedans, c'est que moi, j'ai fait l'inverse de toi ! je m'explique :<br /> <br /> Quand j'étais jeune, on va dire avant trente ans ! j'étais la " parfaite " fée du logis ! une maison très propre, chaque chose a sa place, une organisation pointue et même un peu de maniaquerie dont je souffrais ! car c'est de la souffrance de vouloir que tous les jours, tout soit impeccable, c'est une exigence pour soi-même, de l'ordre du perfectionnisme mais qui fait que l'on s'accorde moins de temps pour tout le reste ...<br /> <br /> Alors aujourd'hui, juste équilibre pour moi, j'aime lâcher-prise un peu (je suis plus cool comme on dit) laisser certaines choses qui peuvent attendre ...<br /> C'est tellement plus agréable et plus doux que de regarder un balai ! quoique le mien fleuri de toutes les couleurs soit poétique !!! rires !<br /> <br /> Mais je sais être soigneuse quand il faut rassure-toi c'est juste mon regard sur les priorités qui change ...<br /> <br /> Bisou atchoum !<br /> <br /> Servanne
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