Ces mots dits
Je voudrais que ces mots
Te touchent
Comme la plume
De mes doigts
Ces mots
Qui ne sont que des ailes
Ces mots qui n’en sont pas
Orphelins du souffle
Jamais dits
Enfilés
Bien serrés
Sur le fil de ma voix
Le verbe est un récif
Où je me suis brisée
Maintes fois
Je ne me souviens plus
Mais la brisure est là
Cette peau dévêtue
Ce manteau de chagrin
Comme une nuit
Usée qu’on referme au matin
Après avoir mordu
Le fruit amer
D’un amour sans écho
Ces mots germés
Au terreau des silences
Aux ruisseaux de nos larmes
Au soleil de nos croix
Ces mots
Dont le feuillage
Abrite des oiseaux
Aux ramures du songe
Et qui prennent racine
Au marbre des tombeaux
Tous ces mots
Hémophiles
Qui font serrer les dents
Et nous laissent sans voix