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Aichapapillon
19 juillet 2008

La muse noire

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C'était une fille de couleur, d'une très haute taille, qui portait bien sa brune tête ingénue et superbe, couronnée d'une chevelure violemment crespelée et dont la démarche de reine, pleine d'une grâce farouche, avait quelque chose à la fois de divin et de bestial

Théodore de Banville

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Avec ses vêtements ondoyants et nacrés,
Même quand elle marche on croirait qu'elle danse,
Comme ces longs serpents que les jongleurs sacrés
Au bout de leurs bâtons agitent en cadence.

Baudelaire

On ne sait d'où elle vient, ni le nom qu'elle portait réellement. Jeanne Duval est une muse noire. Son mystère est assez grand pour laisser se déployer les mots du poète. Elle danse dans les vers de Baudelaire, déployant ses parfums et sa chevelure.

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Certains ne voient rien d'autre qu'une mûlatresse boiteuse qui poursuit le poète de son avidité. Alors qu'elle est ce feu ténébreux qui veille dans le regard de Baudelaire.

autoportrait

Nul ne sait, même pas lui-même, que la femme sauvage est porteuse d'un germe et qu'à travers Jeanne Duval et ses autres maîtresses comme la muse Sabatier mordue par le serpent, il cherche désespérément la terre promise vers laquelle poètes et mystiques tendent irrémédiablement.

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Cette terre devinée derrière la ligne d'horizon, et qui rend l'être extatique, "heureux comme avec une femme"comme l'exprime un autre poète maudit. Là est sans doute le secret de l'amour, ce retour à la source qu'on devine sous la peau caressée mais à laquelle on accède seulement si le coeur est libéré de ses fantômes sournois.

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La femme est une porte. Comme un symbole, elle montre la direction vers cette Terre désirée mais n'est pas une fin en soi. Si l'homme s'enchaîne au symbole, la quête devient enfermement et l'amour, une mortelle dépendance. La femme devient alors un spectre qui hante le poète, comme une terre stérile sur laquelle rien ne pousse à part des fleurs...du mal.

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Dans l'atelier du peintre de Gustave Courbet, Jeanne Duval se tenait à l'origine aux côté de Baudelaire. Le peintre a tenté en vain de l'effacer. Son empreinte demeure dans l'aura du poète et forme avec lui ce couple boiteux, innacompli mais créateur d'une queête sublime et inachevée.

(on la distingue sur la droite de la toile à côté du poète...)

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Dessins de Jeanne Duval et Autoportraits de Baudelaire

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Commentaires
C
Je crois que je vais retourner voir le tableau et la trace de Jeanne.
D
(...) les êtres humains peuvent être les portes pour d'autres (...) <br /> <br /> Oui, le blanc ira toujours mieux aux Fées !
F
Agréable moment à te lire ... sur ton blog de plus en plus dépouillé au niveau de la présentation et toujours aussi riche quant au contenu ...
D
" Cette terre devinée derrière la ligne d'horizon, et qui rend l'être extatique, "heureux comme avec une femme"comme l'exprime un autre poète maudit. Là est sans doute le secret de l'amour, ce retour à la source qu'on devine sous la peau caressée mais à laquelle on accède seulement si le coeur est libéré de ses fantômes sournois. "<br /> <br /> Sans doute as-tu raison... les êtres humains peuvent être des portes les autres (attention donc à ne pas nous tromper... de porte !)... ou peut-être plutôt être des fenêtres.... et au centre de ces fenêtres, je préférerai toujours les yeux, petites fenêtres dans l'être-fenêtre, avec vue imprenable sur l'âme...<br /> <br /> Oh, quelle tristesse cette absence de couleurs ( noir de "faire-part"), chère Aïcha... le blanc était la somme des couleurs de l'arc-en-ciel... enfin, les temps baudelairiens sont peut-être (re-)venus... Bises et bonne nuit à toi !
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