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Aichapapillon
3 juillet 2008

La sainte

sandys11

Mary Magdalene- Anthony Frederick Sandys XIXe

Je vais venir ma belle

En haut des monts pelés

Je gravirai la roche et le flanc de l’azur

Pour toi

Divine

Ton essence enclose au cœur du roc

Je viendrai boire à la source

Ton sang pur à la source

Je viendrai ma douce

Te boire à fleur de pierre

La nuit embaume

O ma sainte débauchée

J’entends déjà le vent dans la forêt

Ruisselante

Ton âme répandue comme un baume

Onguent de femme fleur

Cueillie sur une mer d’exil

Femme embrun

O Marie

Te souviens-tu de l’homme flamme

Croisé dans un jardin

Un matin de miracle

Raconte-moi sa main

Par ta lèvre effleurée

Ta lèvre purpurine

Mille fois déflorée

Le parfum ruisselant

De tes cheveux défaits

La myrrhe et l’oliban

Répandus à ses pieds

La lumière dans ses yeux

Dis-moi

A-t-il mêlé ses doigts à tes cheveux d’or feu

As-tu mordu sa chair dans une faim mystique

Murmuré dans son souffle

Recueilli dans tes mains le nectar de ses plaies

Dis-moi

As-tu senti son corps

Encerclé par tes bras

Ce désir obsédant

Ce désir d’absolu figé dans la poussière

Devenir fièvre

Et incendier l’éther

Chevaucher le membre sidéral de tous les univers

Serrer la lumière entre tes cuisses d’ambre

Pour transcender la chair

Et redevenir cendre

Revenir à la terre

Et son amour halluciné

Ample

Ses ailes déployées

Sur ton cœur écarlate

O belle délurée

Tes voiles déchirés par la rumeur hurlante

Ce troupeau inhumain au berger crucifié

Toi qui connut la soie et l’or des bracelets

Toi l’intouchable

Pour lui

Pour l’homme illuminé

Pour cueillir à ses pieds

L’infini

Le cercle

Et le silence enfin

Le silence et le vent

Dans tes cheveux libres

Loin

Le bruit de l’eau brisée sur la roche fertile

Tant de crachats de griffes de fiel de honte tatouée

De l’or piétiné dans la fureur aveugle

L’homme a mille fois maudit la femme qu’il laboure

Mille fois lacéré le ventre qui l’a fait

Des millénaires d’opprobre pour celle qui enfante

Des millénaires de fils élevés dans l’amer

Ceux qui t’ont lapidée

Ont survécu au cri poussé dans le calvaire

Et leur semence a fait moisir le bois

Qui portait l’agonie

Ceux qui ont jeté la pierre ont mille fois péché

Seul un Dieu

Pour sanctifier la délurée

Seul un Dieu né d’une vierge

Pour la prostituée

Qui d’autre que l’Oint

Pour ne pas redouter la béance des femmes ?

Je viendrai

Un aller sans retour

M’étendre sur le pierre

Humer l’essence minérale

De ton rêve infiltré dans les veines du monde

Et voir tous les matins

Le ciel se fendre en deux

Au sommet de la Sainte

Et voir dans la lumière

Echevelée

Danser parmi les anges

Myriam de Magdala


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Commentaires
A
Chère ami Dourvac'h, j'ai bien compris que tu étais faché avec la religion et je le comprends aisément. Beaucoup de malentendus et malentendants dans ce domaine. <br /> J'ai fait mon propre chemin et je suis passée par là aussi. Puis j'ai découvert que les mots sont des portes. Et la clé de ces portes est ailleurs que dans la raison. <br /> Après avoir lu les traductions de l'araméen des évangiles et l'interprétation qui en a été faite par l'église, je me dit que finalement les perles ont bien été jetées aux cochons.<br /> Je crois que Marie n'est pas un symbole aussi simple qu'il en a l'air. Si il est interprété à un niveau bien/mal, il n'a pas d'autre intérête qu'une morale bêtifiante.<br /> Mais regardons-le comme on regarde Cendrillon. Quelle est la part en soi vierge et pure qui peut enfanter et donner vie au miracle...<br /> Bonne soirée à toi et merci encore de partager tout cela avec moi. :)
D
Ces photos enchanteresses, je les attendrai moi aussi... <br /> <br /> J'ai bien peur de réagir platement à ton doux poème qui chante les modeste amours humaines, là où il n'y a nul "péché" ni sanctification possible... Cette part sauvage (mélusinienne) en nous est une part lumineuse qui doit être respectée... "l'attente de Bien" de Plotin... le mal est juste une carence, une ignorance, une méconnaissance, une monstruosité transitoire...<br /> <br /> Marie Madeleine est une figure mille fois plus attachante et humaine que l'autre "Mériem", qui (pour moi) ressemble à un personnage trop peu travaillé d'un roman à caractère édifiant, personnage solaire mais un peu "bâclé", "uncredible"... le culte de la virginité vient des obsessions et d'une sourde oppression d'origine masculine, immémoriale... (j'aime, à ce sujet, beaucoup la phrase de Ch. Djavann : "Mais s'ils aiment tant le voile, qu'ils se le portent eux-mêmes" !) A toutes ces notions de "pureté" bien suspectes, je répondrai par un... "bof !" de façon triviale, certes... ". En fait, j'ai si peu de confiance, aujourd'hui, dans les religions et le mal qu'elles ont pu faire, qu'elles font encore...<br /> <br /> Le christiannisme naissant a sciemment étouffé les beaux courants philosophiques du néoplatonisme d'Alexandrie... Quel gâchis, au fond ! ... "un Dieu né d'une vierge" : des histoires pour de (tout) petits enfants crédules...<br /> <br /> Bises et bravo pour tes talents de poétesse ! Je viens de m' "attaquer" (et m'attacher) aux grands yeux d'Oursonne... bientôt Servanne et Christiane... un jour ceux de Mélusine-Aïcha... quelle responsabilité, que de s'essayer à vos "portraits d'âmes " (à charge de revanche) !
A
Merci chère Oursonne,<br /> sublime est celle qui me l'a soufflée quand je suis montée à la Sainte Baume visiter sa grotte suspendue à une falaise. <br /> La forêt qui se répand sur cette montagne comme un fleuve sauvage est une pure merveille où les arbres sont vivants et portent un nom...Héraclès, Merlin...C'est un lieu de fée, un lieu à part hors du temps...<br /> J'en ramènerai quelques photos si j'en ai le temps bientôt!
L
Marie-Madeleine, au centre de bien des interrogations, d'écrits, d'âpres combats philosophiques et religieux aussi... Une telle figure de femme ne peut laisser indifférent, tout comme Antigone (celle d'Henry Bauchau est ma référence...) ou tout personnage féminin entière, fidèle à elle-même, éprise d'absolu, même si cet absolu passe par des chemins méprisables pour certains, impardonnables pour d'autres.<br /> Tes mots sont si beaux que je ne saurais y ajouter quoi que ce soit. Mais je les comprends et les prends en moi, car je suis une femme. Et pour moi, chaque femme est à la fois une sainte ET une pécheresse. (Je dirais la même chose d'un homme) Et cette pécheresse là est si lumineuse dans sa vérité et dans la beauté de son âme qu'elle en devient sacrée. N'est-elle pas au fond l'"autre" Marie, ces deux femmes étant complémentaires et opposés, les deux faces d'une même âme, l'enfant pure et la femme, la douce et la sauvage, l'innocence et le pêché, mais unies dans un même amour pour un même homme.<br /> <br /> Sublime est ton poème, chère Aïcha.<br /> <br /> Oursonne
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